La culture du riz dans les 6 villages aidés par l'Association (1ère partie)
Les 6 villages que nous aidons (Woldou, Komaro, Koffodou, Fembedou, Fermessadouba, Telian Pombo) faisant partie de la Préfecture de Kissidougou) sont, comme vous pouvez le constater avec la carte ci-dessous, dans une des deux préfectures les plus productrices de riz.
Une pluviométrie régulière et abondante — autorisant la mise en culture de coteaux relativement fertiles — et la présence de bas-fonds hydromorphes (L'hydromorphie, appelée aussi hydromorphisme, est la qualité d'un sol qui montre des marques physiques de saturation régulière en eau), favorisent une production conséquente.
Pour rappel, le riz constitue la base quotidienne de la ration alimentaire en Guinée.
Je vous propose de découvrir la culture du riz dans les 6 villages, telle que le paysan kissi la pratique, et plus particulièrement celle de la culture du riz en côteaux. Le riz pluvial de côteau, désigne une culture de riz pratiquée sur des côteaux dont l’alimentation hydrique dépend totalement des pluies (La Guinée forestière reçoit en moyenne annuelle 1800 mm de pluie, là ou Angers en a reçu 750 mm en 2020). Durant tout le cycle cultural, le sol des champs de riz n’est jamais inondé de façon prolongée. Le sol reste donc aéré en permanence à la différence de celui du riz pluvial de bas-fond ” (qu'on appellerait rizière ailleurs) qui peut être inondé d’une lame d’eau plus ou moins persistante après les pluies.
Ceci commence par des travaux préparatoires dès les premières pluies.
Pour cette année (2021), la majorité des paysans a entamé les travaux préparatoires en février par l'identification ou choix du site, mars fût le mois du défrichement. Avril et mai sont consacrés au semis.
- L’Identification du site à exploiter :
Cette activité consiste à situer géographiquement le lieu ou l’endroit où le paysan compte cultiver son champ par rapport aux autres domaines agricoles de son village. Ce choix s'opère en fonction de l'année où ce champ a eu sa dernière activité de production agricole pour respecter le principe de la jachère (temps pendant lequel la terre est laissée en repos pour lui permettre de reconstituer sa fertilité). En Guinée traditionnellement, cette période pouvait durer de 3 à 10 ans, mais actuellement, afin de mieux nourrir la population, cette durée est raccourcie à 3 ans.
- La délimitation du site :
Il s’agit de définir exactement la surface que le paysan pense exploiter selon ses capacités et moyens (financiers, économiques, ….). La délimitation a une grande importance ; en effet, elle permet de limiter le feu à la surface définie en évitant tout débordement ultérieur.
- Le défrichement du site :
Après l'identification du site et la délimitation du site, le paysan procède au défrichement pour éliminer les gros arbres et arbustes dans la forêt et les hautes herbes pour la savane et la steppe.
- Ramassage des troncs arrachés :
Les paysans ramassent tous les troncs d'arbres coupés, étendus par terre, pour les mettre en gros tas. Ce bois sert comme de bois de chauffage ou pour la fabrication de clôture contre les animaux sauvages.
- L’Ecobuage et le nettoyage :
Les paysans utilisent le feu pour éliminer toutes les herbes nuisibles afin de rendre le territoire choisi propre à l'ensemencement du semis.
Le paysan patiente de deux à six semaines, en fonction de l'ensoleillement : dès que les arbres ou les herbes deviennent secs, le paysan y met le feu pour brûler les touffes de feuilles mortes et sèches. Bien entendu le site défriché est entouré par une ceinture de pare-feu de quelques mètres empêchant le feu de brûler le reste de la forêt.
Vient enfin le temps des semailles :
- labourage, hersage et la mise en culture du riz sur les côteaux :
Sur ces terrains tout juste défrichés, il est très difficile de faire un labour à cause des racines des troncs d'arbres abattus qui empêchent la charrue de pénétrer dans le sol.
Le processus de semaille est donc très particulier à savoir :
- le paysan sème à la volée d'abord les graines de riz (qu'il a pris soin de prélever lors de la récolte précédente)
- Il "laboure" à la main avec sa daba (une sorte de houe). Ceci est toujours un travail très pénible et qui dure (trop) longtemps.
* Il herse afin de bien mélanger et bien étaler dans le sol les graines semées.
Dans un prochain article, à paraître le mois prochain, nous continuerons d'évoquer la culture du riz en s'intéressant à la germination, la croissance du riz et ce qui peut la gêner, et enfin la récolte et le transport du riz vers les villages.
Je dois ici remercier mon ami Gérard Kamano qui m'a fourni les photos et les explications pour rédiger ce texte.
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